El-Wad Aïssi en deuil
Deuil sur El-Wad Aïssi
Depuis le début des émeutes.
Nuit venue, soldats grimpant à l'assaut.
Tous les villages alertés,
Le peuple afflua vers Tizi.
Toutes les rues bouillonnaient;
Pourquoi bouillonnaient-elles ?
Ce n'est pas là démence !
Nous voulons la liberté,
Allons, avant qu'ils nous mènent au peloton.
Tels que nous fûmes, nous serons;
Si des luttes se déclarent,
Le fils succédera à son père succombant.
Hommes du pouvoir, pourquoi ce supplice ?
Voyez, nous ne sommes pas un troupeau:
Les fondations de notre patrie sont visibles.
Tamazight épanchera ses richesses
Et nous crèverons l'abcès funeste:
Il n'est pas d'être qui n'ait de racines.
Et ce feu déclaré, s'éteindra-t-il ?
Demeure l'angoisse face à l'épreuve.
La rouille a rongé le fer.
Mais l'armée occupe Tizi,
Y semant l'oppression.
Vers Alger les routes sont coupées,
Pourquoi sont-elles coupées ?
Notre terre est ébranlée:
Soyez prêts à combattre, garde !
Qu'ils ne nous remettent sous leur joug !
Si notre sang devait couler,
L'honneur en jaillirait.
Nous sommes depuis toujours dans les troubles,
Pourquoi dans les troubles ?
Les Romains nous ont mutilés.
Qui nous envahit nous pille:
Et nous demeurons subjugués.
En dépit des siècles passés, nous nous insurgeons:
Ce n'est que sous le tranchant de l'épée
Que nous nous sommes soumis à la parole nouvelle.
Avec armes et chiens, ils se sont apprêtés;
Afin de prendre au piège
Ceux qui ont éructé la vérité.
Combien parmi ceux capturés,
Combien dont nous ignorons le sort ?
Ils ont posé un brasier dans notre poitrine.
Ils les envoyèrent par meutes,
De leurs armes, ils désignèrent
La montagne: "Dévorez-la !"
Ils étaient vingt-quatre,
Dont ils se saisirent
Lorsque le feu grondait à Tizi.
Mais ils avaient oublié qu'ils avaient des frères
Prêts à les libérer.
Ils s'étaient tous donnés parole.
Ils les harcelèrent, les frappèrent:
Pas de sévices qu'ils ne leur firent subir
Pour avouer ce qui n'est pas.
Le Djurdjura se réjouit de les voir libres;
Il a besoin de tous ses enfants.
Ils se rencontrèrent à El-Wad Aissi.
Quant à ceux qui sèment les saccages,
Aujourd'hui, nous les avons vaincus:
Le toit de l'adversité a croulé.