Je suis
Aujourd'hui vivant, demain, qui sait ?
J'ai dit ce que je sais
Et ce que je vois,
Il vous en souvienne: si je sombre dans la rigole
Mon spectre vous appellera.
Miroir, je t'ai offert mon visage:
Tu l'as lapidé de balafres.
Me dressant pour affronter mon désir,
Il exigea de moi ceci:
Mon sang ou le sien;
C'était ainsi: c'était lui ou moi.
La feuille de basilic se terrorise,
Se terrorise à la sécheresse accourant.
Mon coeur est creusé des brûlures,
Du feu qui souffle sur lui.
Voici que le vent du malheur s'affraîchit,
Ils veulent en nous bannir jusqu'à la parole.
Ils ont dessein de nous barrer la route,
Les gluaux pour notre capture sont apprêtés.
Aux abois nous criaillons,
La résine entravant nos ailes.
Le poignard s'aiguise à nos cous,
Ils nous égorgeront les uns après les autres.
Si quatre murs m'enserrent,
Si je ne vois que l'échafaud;
Si la misère m'aspire
Et si mon chemin est une pente au gouffre;
Que l'on me dise: Où crois-tu aller ?
Je clamerai: Je suis Amazigh !