Mère, quel est ton sort ?
Mère !
Mère ! Quel sort t'est échu ?
J'ai sarclé, d'autres font moisson
Je suis figée comme une pierre
Et des yeux, hagarde, je contemple.
Sur mon coeur, l'huile bouillante se déverse
Ma langue est transie,
Je ne puis plus relever les paupières.
Quand je vois la brute
Ajuster ses bottes,
J'aime le va-nu-pieds.
Mère, prends patience, sèche tes larmes;
Dans l'Histoire nous écrirons ton être.
Envahisseur passé, envahisseur qui vient,
Français ou descendant chérifien,
Sur mes épaules qu'ont-ils déposé
Hors un fardeau de rage ?
Aujourd'hui, je vois les galeux
Prêts à s'abattre sur la montagne de l'honneur.
Ne dis pas: mon fils est au plus mal.
Ne saigne pas en ton coeur.
Nous endurons les froids de glace,
Et que dire des baathistes, investigateurs du mal.
La révolution que nous guettons, nous la verrons;
Si nous mourons, que la paix soit sur nous.
Vous partez en quête de ma langue,
Et l'ennemi a franchi les interdits.
Je suis témoin quand vous périssez,
Quand vous engorgiez les geôles.
Aujourd'hui, je vous vois vous exterminer,
Comme si la dignité était anéantie.
Mère aimée, point de larmes.
J'accomplirai ta vengeance.
En toute quiétude évoque ta valeur,
Je suis révolutionnaire et protecteur.
Je suis révolutionnaire et vaillant.